
Bon, je le reconnais, préparer son sac avec une gueule d’acajou et partir à Dublin la tronche dans le coaltar, ça sentait un peu le sapin, mais Hélène et moi avions prévu depuis quelques mois déjà ce petit city trip qu’on ne voulait ni trop long, ni trop couteux. On avait d’abord pensé à Constantinople, mais le temps qu’on se rencarde et qu’on prenne nos informations, le prix du vol avait doublé. Et ça, c’est pas Byzance. Hinhinhin (j’suis déjà dehors). Donc pour 60 boules A/R, nous voila en route pour le pays de la Guinness; le programme de la semaine s’étalait comme suit:
- Lundi soir: soirée prévue de longue date, la biture du siècle, on dérouille grave!
- Mardi: les dents du fond qui baignent (+ accessoirement préparer un sac, un larfeuille et de quoi se nipper)
- Mercredi: départ pour Dublin-beach, les groupes live de Temple Bar et les pintes irlandaises.
- Jeudredi: royaume de la Guinness, connaissance avec un laron de Couchsurfing, Eoghan (à prononcer “Owen”, soyons logique)
- Vendredi: retour dans le temps, deuxième Couchsurfeur, Mick (de son petit nom “Stout” = soupe épaisse qui goute la bière) et longue nuit de camaraderie à Temple Bar.
- Samedi: avoir le vol de super-justesse, dégueuler les Oignon Rings, aller bosser avec les crins en fil de fer et très peu d’heures de sommeil dans les guiboles.
- Dimanche: écraser 15 heures d’affilées, je l’ai bien mérité.


Au sortir d’un très long hiver – sortir, que dis-je? On est le 12 Mars et il a encore neigé 20cm la nuit dernière! – on espérait de l’ami Cronos un peu de compassion pour ces longs mois de gadoue, de pluie incessante et de non-soleil. Que foutre, le jour où on quitte la Belgique, on y annonçait presque plus de 20°C et ce pour les 3 jours suivants, aka, tout le temps de notre séjour away. Et en Irlande, on s’est coltiné un temps maussade, une grisaille déprimante et un crachin des plus tenaces du matin jusqu’au soir. Et puis il suffit qu’on repose un nougat dans le plat plays et BAM! 25 cm de neige et panique en ville! We can never win!

Mais on ne se laisse pas démonter de la sorte! A 1/2h de l’aéroport en bus, nous voilà dans Dame Street puis dans Grafton Street, à deux pas de Trinity College, et, nos antennes déployées, on se jette sur le premier pub qu’on trouve, du doux nom de Kehoe’s, dans une petite rue adjacente, pour s’enfiler notre première pinte et chercher l’auberge de jeunesse la plus proche. Smartphone + Wifi = auberge de jeunesse. Ca tombe bien, y’a le wifi gratuit un peu partout dans cette ville. On s’oriente jusqu’au quartier de Temple Bar, le Beale Street Dublinois, le Bourbon Street Irlandais, un véritable lieu de fête où groupes live et soiffards viennent ensemble partager quelques accords entrainants et quelques larges pintes. Mais en journée, c’est triste et touristique au possible, d’où, on file déposer nos affaires à l’auberge et on mets les adjas.
Le livre de Kells dans le Trinity College (ci contre) n’étant pas visible, on ne s’attarde pas trop et on continue notre balade sous la pluie jusque Saint Patrick’s Cathedral (en passant par Christ Church). A voir au passage, de préférence par temps soleil. C’est pas grave, on garde le sourire et on va écluser une bière ou deux au Fitzsimons de Temple Bar, bar bien connu et recommandé par quelques connaissances, à deux pas de notre auberge Barnacles (je vous la recommande vivement!). Puis tant qu’on y est,on en profite pour casser la graine: Traditional Fitzsimons Lasagna pour Hélène, Beef & Guinness Pie pour moi. On se fait plaisir!

Il n’est cependant pas question de s’attarder dans un seul et même bar. Nous sommes avides de découvrir d’autres endroits, de goûter des choses nouvelles. Nous voulons être surprises, nous voulons expérimenter. Ah bah ça, on n’allons pas être déçues! On pousse la porte du Porterhouse, beau bar en bois de barlu qui propose 1001 bières locales et étrangères. Pas d’intérêt à commander une Triple Karméliet ou une Rochefort, nous choisissons plutôt un trio de bières “à découvrir”. Pour 5€, nous pouvons choisir 1 Stout (bière noire et épaisse style Guinness), 1 Ale (bière ambrée) et 1 Lager (“bah, toutes les lagers sont les mêmes” dixit le loufiat). Donc, nous. Si la Lager était en effet une petite pisse de chat comme on en trouve partout et si l’Ale était, pour sa part, plutôt agréable à boire, la Stout fut une vraie surprise: une purée de malt et d’orge, une soupe de houblon, épaisse et lourde, carrément dégueulasse.

Mais on ne reste pas sur cette éprouvante découverte, on est là pour ça! On continue donc notre virée nocturne à faire du “bar crawl”, c’est à dire, à papillonner de bar en bar et on finit dans un petit bar bas de plafond, bondé à l’excès, où joue un aussi petit groupe de 3 sur une estrade toute aussi mini, toujours dans Temple Bar. L’ambiance y est exaltée, détendue, et franchement amicale. De chansons typiquement irlandaises à des medleys dérisoires, on se mêle et on profite.
On se rend compte aussi que les irlandais sont d’une nature incroyablement serviable, généreuse et amicale. Un titre de chanson, un renseignement, une indication sur notre destination, une parole échangée, un merci, un au revoir, les irlandais sont décidément des gens agréables! Cependant la journée à été longue, il est temps de retrouver notre carrée à l’auberge, que l’on partage avec un grand Australien barbu et bucheroneux, un petit portugais sympathique, une inconnue et un inconnu qui a du avoir la tirelire en palissandre le lendemain vu ce qu’il distillait et ce qu’il ronflait. Sur ce, cheers mate and good night!