La Lituanie, à l’image de ses grandes soeurs baltes, est un petit pays contrasté entre paysages de nature sauvage, de forets, de rivages et de champs, et la féroce volonté de quelques grandes villes qui tentent de se moderniser à coups de Starbucks et autres grandes chaines. Vilnius conserve malgré tout, tout autant que Kaunas, un fort caractère individuel, et ressemble plus à un gros village qu’à une petite ville.
Comme l’Estonie et la Lettonie, la Lituanie arbore encore beaucoup d’édifices douloureusement marqués par le style architectural soviétique, mais d’un coté on y découvre également d’agréables petites placettes d’où partent de jolies ruelles pavées. Une des rues principales, ainsi que quelques rues adjacentes, est fermée à la circulation certains soirs, ce qui lui confère un caractère tout à fait particulier: un genre de rue large et calme, bordée d’une rangée d’arbres identiques et soignés, de lampadaires kitsch, aussi identiques et à la nuit tombée, les lumières, guirlandes, rires et musiques fusent… J’étais revenue à Disney Land Paris quelques 20 ans plus tôt.
J’avais choisi de Couchsurfer à Vilnius pour compléter ma découverte du pays par celles des habitants, et c’est une locale … Coréenne qui m’ouvrit sa porte. Yoon bossait à Vilnius depuis peu, inscrite sur Couchsurfing depuis autant de temps, et c’est elle qui me fit découvrir la ville. Des vieilles pierres gaiment peintes par des artistes locaux, la bibliothèque nationale, une petite place, un château, elle me promena d’un coin à l’autre de la ville à la tombée de la nuit, une nuit chaude de fin Juin aux arômes parfumées et je la remerciais par un énorme burger.
Je mis mon dernier jour à Vilnius à profit pour aller visiter le château médiéval de Trakai, à une poignée de km en train de Vilnius. Sans trop savoir à quoi m’attendre, si ce n’est pour le petit guide de voyage qui mentionnait ce point comme un must see touristique (ahem), et je fus donc surprise de devoir faire tout le tour de l’île avant d’atteindre le château proprement dit. Ma balade, bien qu’approximative (je me suis perdue une ou deux fois dans des hautes herbes vélociraptor-free) me permit de découvrir les petits plaisirs des lituaniens qui se baignaient, pêchaient, tartinaient leurs pic-nics, se faisaient dorer la pilule dans des transats pliables cheaps, malgré les timides 20 degrés de fin de journée.
Au bout d’une bonne heure et demi de promenade à éviter les moustiques, mais à découvrir des coins vraiment très chouettes en pleine nature, je suis finalement arrivée au château de Trakai. Coïncidence, c’était un week-end un peu particulier qui célébrait un genre de spectacle, d’où danseurs, musiciens et comédiens s’activaient dans le lointain sur une grand scène au bord de l’eau.
Le château en lui-même n’avait rien de très folichon cependant. Les enfants couraient partout et la visite se limitait à la cour intérieure. C’est en fait la balade contournant l’île et le débouché sur le château au soleil de fin d’après-midi qui en valait le détour, et je suis bien contente de l’avoir faite. Les quelques petits chalets en bois qui vendaient des souvenirs moches et trop chers ne m’intéressant pas, j’en profitais de remplir mon estomac avant de reprendre ma route vers la gare. Le chemin du retour fut différent, puisqu’il n’était plus temps d’en perdre à faire le tour de l’île dans l’autre sens: je voulais couper court pour retourner à la gare, et donc je.
Après avoir marché quelques centaines de mètres, j’eu un choix à faire: gauche ou tout droit? Avec mon petit portable capricieux, point de gps, et j’en retournais donc à ce bon vieux old fashion demandage de chemin. Deux ados marchaient un peu plus loin devant moi, entre 15 et 17 ans je dirais, et je les interpellais pour demander ma route: “Excuse-me, can you tell me … Excuse me?” J’eu beau appeler, elles n’avaient pas l’air d’avoir envie de m’entendre, jusqu’à ce que finalement, elles se retournent: “Excuse-me, sorry, can you tell me the way to the train station please?” Un coup d’oeil de haut en bas, une moue agacée genre “c’est quoi ton problème” puis elles s’en retournèrent à marcher devant moi et plus vite. Agréable. Ah oui, j’avais oublié, la légendaire chaleur nordique.
Elle fut largement confirmée et validée, cette règle plus ou moins générale, selon laquelle les nordiques ont tendance à ne pas pas aider les étrangers, démontrer quoique ce soit si ce n’est une froideur extrême, à ne pas parler anglais, à ne pas parler aux étrangers… à ne pas parler tout court en fait. J’ai donc fini par arriver à la gare sans trop de difficultés, en fin de compte, et me heurtais encore à ce mythe qui commençait décidément à me taper sur les nerfs. Pas de cartes acceptées pour payer le ticket de train, pas de distributeurs automatiques (sans blague, dans cette mini gare à une voie, une caisse, une porte, un banc…), et la guichetière ne parlait pas anglais. Oeuf corse. Bon alors, je fais quoi moi? J’avais plus assez de liquide pour payer le ticket et elle n’acceptait pas les cartes. Retourner au chateau? Seriously? D’abord m’affaler sur le quai le temps de raisonner et d’arreter de maudir ces Lituaniens pas très avenants jusqu’à ce que … “Do you need money?” Un groupe de 3 hippies de mon âge à peu près qui fumait pas très loin et avait du entendre ma conversation vint à mon secours. Enfin un peu de sympathie spontanée dans ce pays de cons! Et j’acceptais ainsi avec gratitude l’équivalent d’1€ qu’il me manquait.
Le résumé de mes souvenirs de Lituanie reste, plusieurs années après, globalement positif et voilà qu’en les tapant, je me rends compte des chouettes moments que j’ai passé sur place, même si j’ai passé un temps considérable à maudire les lituaniens, et habitants des pays baltes en général, pour leur manque d’ouverture aux étrangers. L’étape suivante du voyage était de faire Vilnius – Kaunas en stop. La suite à la page suivante. WOOP WOOP!